L’enseignement du mois - décembre 2011
LA KABBALE
L’origine du mal
Les kabbalistes parlent du « mauvais penchant », du côté ténébreux de la nature humaine
qui entraîne l’homme à pécher et des puissances démoniaques dont le domaine est ce qu’ils
appellent « l’autre côté ». Ils donnent plusieurs explications différentes dont l’une des plus
répandues est que la source du mal est le jugement qui n’est pas tempéré par l’amour et la
miséricorde. Arthur Green explique comment, selon le Zohar, le mal naquit comme un effet
secondaire de la tension créative entre la Hesed et la Gevurah/Din :
[Il y a une] tension nécessaire qui existe quand la quatrième et la cinquième Sephirot, Hesed et
Din, émergent de la Bina. Din, la force de la rigueur divine ou du jugement, accepte mal d’être
lié à la Hesed, le flot illimité de l’amour. Au moment même de son émanation, il s’échappa du
système des Sephiroth, disant, selon les mots du Zohar : « Je régnerai ! » La baguette graduée
des Sephiroth (...) employa le pouvoir de l’En-Sof pour forcer rapidement Din à rentrer dans le
rang, mais au moment de cette évasion une partie du pouvoir de Din fut libérée et ne put être
reprise. Cette partie de Din, désormais révoltée contre Dieu, commença à produire sa propre
émanation « séfirotique » en caricaturant le monde divin.
Le faux Din
L’acte de rébellion initial du serpent eut lieu quand Din déclara : « Je veux être le juge
suprême et ne pas être obligé de teinter mon jugement de miséricorde ». Les anges déchus qui
personnifient le jugement sévère ont cherché à usurper l’autorité de la véritable Gevurah/Din.
Leur cri de guerre est celui du Din rebelle : « Je régnerai ! »
Ceux qui s’alignent sur le faux Din émettent des jugements injustes dans tous les
domaines de la vie — des jugements qui apparaissent sous forme de racisme, de sectarisme et de
préjugés. Des jugements qui aboutissent à des massacres entre Juifs et Arabes, catholiques et
protestants, Hindous et Musulmans, Serbes et Croates, Hutu et Tutsi. Des jugements qui
calomnient l’innocent et glorifient le coupable par l’abus du pouvoir judiciaire et du pouvoir de la
presse. Des jugements qui anéantissent le respect de soi de l’âme, détruisent des vies et sont un
défi à l’espérance, la foi et la charité.
Réfléchissez aux jugements sévères que vous pouvez émettre : si vous jugez autrui et que
vous portez un jugement injuste, vous semez les germes du mal entre votre frère et vous. Vous
êtes arrivé aux portes de l’amertume et une partie de vous est devenue l’esclave du Din injuste.
Le Maître ascensionné El Morya nous a recommandé maintes et maintes fois de ne pas critiquer,
condamner ou juger autrui. Jésus dit : « Ne jugez pas afin de n’être pas jugés ».
Parce que nous ne sommes pas encore pleinement immergés dans la Tifereth, nous
n’avons pas toujours la sagesse ou le discernement nécessaire pour juger autrui correctement.
Et la partie de Din qui s’est retournée contre Dieu ne demande pas mieux que de se
liguer secrètement avec nous pour juger injustement notre prochain. Et une fois que nous
sommes empêtrés dans les racines du faux Din, il faut le combattre pour se dégager de ses
enchevêtrements.
Le combat entre le jugement sévère et la clémence que décrit le Zohar en des termes
mythiques se déroule à l’intérieur et à l’extérieur. Il a lieu en nous-mêmes et il a lieu chaque
jour dans les rues, dans les cours de justice et dans les écoles quand des fils et des filles de Dieu
soutiennent les doux sur la terre. Quiconque défend la vérité, où qu’elle soit, renforce le pouvoir
divin de la Gevurah/Din.
D’après les kabbalistes, nous pouvons échapper à l’emprise du mauvais penchant et
attirer des anges de lumière qui nous protègent en observant les commandements énumérés dans
la Torah. Quand nous observons les commandements de Dieu et que nous avons de la compassion
pour notre frère, nous sommes unis à la Tifereth. Notre union avec la Tifereth nous mène aux
pieds du JE SUIS CELUI QUE JE SUIS et nous lie à la Kether. Et quand nous sommes unis à la
Tifereth et à la Kether, nous sommes investis du pouvoir de vaincre le Din déchu.
La situation est simple : chaque fois que quelqu’un défend la justice, le pouvoir de la
Gevurah/Din divine s’accroît et le pouvoir de l’autre côté diminue. Et chaque fois que quelqu’un
s’aligne sur les juges injustes du Din déchu, le pouvoir de l’autre côté s’intensifie et le pouvoir de
la Justice divine décline.
Vaincre les forces du faux Din est la tâche que Dieu nous a assignée. Quand nous
l’aurons accomplie, l’autre côté sera roulé comme un manuscrit et consumé dans les flammes de
la Justice divine. Que celle-ci règne en souveraine ; et nous qui sommes ses enfants, puissions-
nous connaître la gloire de défendre sa cause.
Le combat entre le bien et le mal a été représenté de façon symbolique dans la littérature
universelle depuis des temps reculés. Dans un contexte contemporain connu de tous, nous
pouvons voir les symboles des puissances de l’autre côté dans le conte de Blanche Neige et les
sept nains, de Walt Disney. Blanche Neige, la jolie princesse, s’échappe, fuyant sa belle-mère, la
méchante reine, parce que le chasseur au bon coeur la prévient que la reine est jalouse d’elle et lui
a donné l’ordre de la tuer. Blanche Neige s’enfuit en courant à travers la forêt. Sur le tronc des
arbres apparaissent des visages méchants, sur les branches poussent des doigts qui tentent de
l’attraper. Blanche Neige continue à courir mais tombe finalement par terre en pleurant.
Heureusement, Blanche Neige a des amis dans la forêt — les gentils animaux qui
l’accompagnent jusqu’à la maison des sept nains. Les nains invitent Blanche Neige à rester chez
eux, où elle sera en sûreté. Quand ils partent travailler le lendemain matin, ils lui recommandent
de prendre garde de ne laisser entrer personne. Mais la reine se transforme en une vieille
marchande ambulante et fait manger une pomme empoisonnée à la naïve princesse. Blanche
Neige tombe dans un profond sommeil et les nains pensent qu’elle est morte. Ce n’est que
lorsque le prince charmant trouve Blanche Neige et lui donne le « premier baiser d’amour » que
le sortilège est rompu.
La méchante reine représente le Din déchu et le mauvais penchant, les esprits malins de
la forêt représentent les agents du Din et Blanche Neige représente l’âme. Comme la reine et les
esprits malins, Din et ses agents sont jaloux de la lumière de Dieu qui est en nous. Ils tentent de
déchirer notre âme et de voler notre lumière. Les nains et le prince sont comme les kabbalistes,
les maîtres ascensionnés et les anges. Ils nous font prendre conscience des dangers et des illusions
de l’autre côté. Ils nous donnent la connaissance, les conseils et l’amour dont nous avons besoin
pour survivre aux artifices du Tentateur et aux situations imposées par notre karma.
Pour se défendre contre le mauvais penchant, il faut avant tout savoir qu’il existe.
Comme Blanche Neige, l’âme doit être prévenue que quelqu’un lui veut du mal. Ceux qui ne
voient pas les pièges du mauvais penchant sont comme le peuple imprévoyant de Judée, dont les
faux prophètes endormirent la vigilance en disant : « Paix ! Paix ! » Alors qu’il n’y avait point de
paix. C’est ce que le mauvais penchant nous souffle à l’oreille quand il nous incite à nous écarter
de la voie de l’union avec notre Moi supérieur.
Pourquoi Dieu permet-il que le mal existe ?
À mon sens, nous sommes dans le monde inférieur parce qu’à un moment donné, quelque
part, nous avons donné une partie de nous-mêmes à l’autre côté. Dieu nous renvoie dans le monde
inférieur pour que nous puissions compenser le karma que nous avons créé quand nous avons
laissé les forces du Din déchu voler la lumière des Sephirot. Le processus de la compensation
de notre karma comprend nécessairement la défense de la justice et la contestation du jugement
rigoureux, impitoyable.
Le Zohar enseigne aussi que Dieu emploie le mal pour châtier les méchants et pour
vérifier la fermeté de notre décision de retourner vers l’Arbre de Vie éternelle. Dans chacune de
nos incarnations, nous devons jouer le rôle du berger qui va chercher les brebis perdues, les âmes
dont nous avons la responsabilité et auxquelles nous sommes liées, par un bon ou un mauvais
karma ou parce qu’elles appartiennent à notre famille d’âmes. La situation dans laquelle nous met
notre naissance — y compris ceux qui sont destinés à être nos parents ou nos enfants, nos
collègues de travail, nos compagnons de jeu ou nos âmes sœurs — n’est donc pas fortuite.
Ainsi, notre effort quotidien pour nous attacher à Dieu n’est pas seulement destiné à
élever notre âme ou même à nous permettre d’échapper aux soucis de ce monde. Il a un but
beaucoup plus important. Notre attachement mystique à Dieu nous conférera le pouvoir spirituel
qui nous est nécessaire pour délivrer les âmes qui ont désespérément besoin de notre aide.
KABBALAH
Key to your Inner Power
Elizabeth Clare Prophet
avec Patricia R. Spadaro et Murray L. Steinman
Copyright © 1997 Summit University Press,
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